La réponse se trouve dans les petites choses

La réponse se trouve dans les petites choses

“...Nous redoutions l’intelligence artificielle, et la révolte des machines qui nous dirigeraient. Mais nous avons déjà bâti quelque chose qui nous contrôle et nous échappe…”

Margaux

Margaux

Patronne de cette plateforme, Rédactrice / prof indépendante de langues. 1m70, 56kg, Lion ascendant cancer…

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Je ne crois pas qu’il y ait mieux à attendre de la vie que les petites choses qu’elle offre quotidiennement. Sûrement, allons-nous trop loin dans notre recherche du bonheur. Peut-être veut-on faire trop compliqué, assurément, finit on frustrés. Ce bonheur est comme une carotte que l’on n’attrappe jamais. Dans cette quête infructueuse de la paix intérieure, beaucoup d’entre nous choisissent d'altérer leur réalité grâce aux drogues et à l’alcool. Et ne pointons pas du doigt les quelques âmes perdues sur la colline du crack, peu importe la consommation, tant qu’elle est régulière. C’est le pétard du soir, c’est la cuite du week-end…  Il s’agit là de saler lourdement un plat que l’on a plus le palais d’apprécier pour ce qu’il est. Il n’en est par la suite que plus ardu de retrouver le goût pour la banalité du bonheur et sa salade de petites choses. On y trouve la beauté et ses multiples expressions, les plaisirs et leur privation. On y trouve l’acceptation de l’inconfort, des douleurs et du mauvais temps, car la vie est une balance dans laquelle le bon n’existe que grâce au mauvais. L’élément principal est la gratitude. 

S’il fait beau aujourd’hui, laissez choir vos corvées domestiques, sortez vos gamins au grand air, promenez-vous au soleil avec eux. Si vous ne vous souvenez plus comment apprécier l’instant, observez-les, et éteignez vos portables. Tout est là, il n’y a rien de plus.  

Aux prémisses de l’orage d’été, lorsque le vent tire sur nos têtes sa couette moelleuse de nuages noirs, jetez-vous au dehors. Soyez au premier rang du spectacle dramatique qu’offrent les éléments, emplissez vos narines de l’odeur singulière du petrichor qui s’élève dans les airs aux premières gouttes de pluie sur la terre chaude. Tout est là, il n’y a rien de plus. 

Immergez-vous dans la mer, prenez une douche bien chaude, mangez une glace de votre parfum préféré, faites l’amour, prenez un bain de soleil, levez-vous à cinq heure pour observer le spectacle d’un nouveau jour naissant. Tout est là. Il n’y a rien de plus, rien de moins. 

Je ne crois pas qu’il y ait de but, ni même de sens. J’ai conscience de flirter dangereusement avec la pensée nihiliste, à cela près que je demeure bien en retrait des pensées noires qui l’accompagnent. On a pas assez d’une vie pour faire l'expérience de toutes les petites choses qui la composent. 

N’en déplaise à Bear Gryll et à Maslow, la meilleure technique de survie, ou le réel besoin primaire de l’homme, c’est d’être capable d'apprécier les petites choses. C’est la gratitude. Car oui, en effet, aussi stupide que cela puisse paraitre, pour survivre il faut en avoir envie. Non, les besoins physiologiques et le besoin de sécurité ne sont pas les éléments primordiaux. Où alors, que Abraham Maslow nous explique pourquoi, à la première vilaine peine de coeur, cesse-t-on de manger ? Qu’il explique aussi pourquoi le millionaire qui a plus ce que d'autres n’auront jamais l’idée de vouloir, se suicide ? De quoi manquaient donc ces gens qui avaient pourtant tout ? Et bien, d’exactement ce dont il est question ici. De gratitude. De la capacité à jouir de tout, même quand on a rien. L’aptitude de voir ce que l’on possède et pas uniquement ce qui nous manque, la sagesse de regarder ce qui nous reste et pas seulement ce que l’on a perdu. Et la capacité de jouir à l’infini des petites choses de la vie. Simplement. 

Peut-être que la vie c’est un peu comme aller au cinéma et passer toute la projection à essayer de comprendre le sens du film qui, en fait, n’en est pas un. Il n’y a pas de début ni de fin, il n’y a pas d’histoire qui se déroule logiquement depuis son introduction jusqu’à son l’épilogue. Peut-être passons-nous l'entièreté de l’expérience à essayer de comprendre, et sûrement quittons-nous la salle frustrés et déçus. “Ce film était mauvais !” Et bien, peut-être parce que c’est autre chose. Il n’y a possiblement aucun sens ni aucune histoire, uniquement une exposition de belles images, lumières et couleurs, qu’il nous faut simplement savoir apprécier. 

Il nous faut revenir à la sobriété, bien qu’il ne soit pas chose aisée que d’éduquer son palais à apprécier à nouveau la simplicité d’un plat allégé, sans ses réhausseurs de goût qui nous mènent aux crises de foie. Ce n’est pas évident non-plus d'entraîner ses sens à apprécier la simplicité de la vie de manière pérenne, car la dynamique du “toujours plus” a de rageux courants. Vivre, c’est un art à pratiquer quotidiennement. Bien sûr, au fil des temps, notre environnement a évolué de manière à rendre la chose presque impossible. Nous vivons entourés de laideurs, d’architectures austères et bon marché, poussés à un rythme de vie inhumain dans une soupe amer d'anxiété et de dépression, loin de nos racines. 

Si d’aventure, à cette heure, vous vous sentiez déprimés sans raison particulière, sortez vous perdre dans la première forêt ou le premier parc. Airez sans but, ou asseyez-vous un moment dans l’herbe. Appréciez la magie vieille comme le monde qui opère, vous êtes stationné sur une borne de recharge humaine. 

Si vous venez de lever les yeux en l’air ou de souffler bruyamment votre mépris en commentant : “Oui, bien sûr, il faut avoir le temps de faire ça ! Moi j’ai un boulot, des rendez-vous, des enfants …” 

ou bien : 

“Quelle forêt ? Quel parc ? Je peux éventuellement me rendre au rayon jardinage du bricomarché de la zone commerciale d’à côté !”

Vous êtes en train de confirmer l’idée développée ici. Nous avons lentement évolué vers des modes de vie misérables. 

Ironiquement, ou aveuglément, nous les défendons, et nous les perpétuons. Avez-vous déjà essayé de suggérer à un Parisien ou à un New-yorkais qui se plaint de la lourdeur de sa vie citadine, de déménager ? J’ai plusieurs fois fait l'expérience. Ils en sont incapables. Ils sont profondément attachés à leur forme de misère. Quand leur travail le leur permet, et même s’ils sont conscients de l’amélioration évidente de ce déménagement sur leur santé morale et physique, ils en sont incapables. Ils sont en couple avec un partenaire abusif auquel ils trouvent toutes les excuses. Cela m’évoque le syndrome de Stockholm. Ils sont attachés à leur persécuteur. En fait, Ils sont leur propre persécuteur. S’ils abandonnent les standards de la vie citadine, ils deviendront un des bouseux de la campagne qu’ils méprisent. Ainsi, nous sommes tous les gardiens de la prison sans porte que nous nous sommes contruit. 

Nous redoutions l’intelligence artificielle, et la révolte des machines qui nous dirigeraient. Mais nous avons déjà bâti quelque chose qui nous contrôle et nous échappe, nous vivons déjà dans cette dystopie que nous nommons “société modernes”. 

Merci de m'avoir lu, et merci de soutenir cette plateforme et notre travail. Vous pouvez maintenant lire ou relire d'autres essais de la même plume.

Vous pouvez également prendre un instant pour découvrir "La terre des poules" , recueil de nouvelles illustrées, en format e-book. Je vous remercie à nouveau très chaleureusement,

Margaux

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