Un mauvais design
Je relance aussitôt les recherches dans le silence gênant du romantisme agonisant. J'expérimente une rage intérieure stérile qui ne sera jamais portée à la connaissance des marketeurs de ce côté du globe.



Le soleil tire sa révérence aux côtes embrasées de Bondi, Nouvelle-Galles du Sud, Australie. L'aquarelle du jour écoulé engorge les nuages de l'horizon. Sur la mer, un troupeau de surfeurs patiente immobile, sur un océan roux, pour glisser sur les dernières vagues. Sur le sable, des petits groupes de silhouettes sombres se détachent sur l'incarnat de l'horizon. Et sur l’herbe, en arrière-plan, comme assis sur le cadre de ce doux tableau, mon Brésilien et moi.
Ma tête repose sur son épaule et sa main sur la chute de mes reins. Nous ne faisons rien d’autre que d’être ensemble, consciencieusement, passionnément, comme tous les jeunes amants qui vivent les premiers instants de leur idylle. Nos lèvres se rencontrent à intervalles réguliers et quelques sourires niais sont échangés. Bientôt, l’ivresse amoureuse se dilue un peu, nos embrassades nous ont momentanément rassasiés. Il nous vient alors l’idée de partager une cigarette. Nos corps se délient, ma main s'engouffre dans mon sac à main et commence son habituel balayage de recherche dans ce gouffre à objets divers. Nous sommes tous deux penchés sur mon action, tenus en haleine par le suspense de la quête. De leur côté, mes doigts rencontrent enfin les contours rectangulaires d’une boîte en carton au couvercle articulé et recouverte de plastique. Je l’agrippe et l’exhume des abysses avant de l’exhiber triomphalement entre nos deux visages.
C'est ainsi que nous nous retrouvâmes nez à nez avec mon paquet de tampons ultra-absorbants pour flux abondant.
“Voilà.” Commente-je, résignée.
Je relance aussitôt les recherches dans le silence gênant du romantisme agonisant.
J'expérimente une rage intérieure stérile qui ne sera jamais portée à la connaissance des marketeurs et designers de ce côté du globe. Comme trop souvent, je peste pour moi-même, anonymement et inutilement. Ainsi, les packagings de tampons demeureront donc dangereusement identiques à ceux des cigarettes industrielles. Peut-être même, irai-je jusqu’à m'affliger à nouveau du même incident, et y perdrai-je quelques minutes supplémentaires de rage inopérante.
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"La terre des poules"
Un recueil d'aventures extravagantes mais véridiques, au fil des pages duquel on frissonne, on rit, on se cultive, mais surtout, on voyage.
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