
Coincée dans le désert 2/2
Dans un semblant de brainstorming, j’évoque la possibilité de faire du stop. La fermière m’arrête net. “Mademoiselle, si une voiture passe par là avant que le soleil ne vous ait desséchée, ce ne sera pas une chance pour vous. Les règles ne sont pas les mêmes dans le désert."


Me voilà donc foutue dehors et laissée pour compte au milieu du désert australien.
Il s'agit d'une suite, je vous conseille d'aller lire "Coincée dans le désert 1/2" si ce n'est pas déjà fait.
Ce vieux fou de fermier avait tout de même passé un coup de fil à la femme du type que j’étais venu remplacer sur le terrain. Désemparée, il avait fallu à cette pauvre femme trouver une solution pour m’évacuer de ce quasi no man's land dans lequel nous étions plantés.
Les distances à parcourir étaient trop grandes, bien qu’elle fût empreinte d’une évidente bonne volonté, il fut impossible pour cette mère de famille de me reconduire jusqu’aux “portes” du désert d’où je pourrais rebondir par mes propres moyens. Cependant, une idée lui vint.
Après presque deux heures de piste pourpre, ma sauveuse me dépose dans une autre ferme. Je récupère mon sac à dos beaucoup trop lourd que j’avais jeté à l’arrière de la benne de son pick-up, et je fais trois pas en direction de la femme qui vient m’accueillir. Elle est coiffée d’un grand Acubra de cuir brun, d’une chemise à manches longues et d’un jean. Après lui avoir rapidement exposé la situation, celle-ci me lance un regard vaguement compatissant.
“Bugger !”
“Et bah merde !” Consent-elle à commenter.
En effet, personne n’a l’intention de retourner à Rockhampton (première ville dotée de transports en commun) avant plusieurs jours. Je n’allais pas attendre indéfiniment pour reprendre ma liberté. Dans un semblant de brainstorming, j’évoque la possibilité de faire du stop. La fermière m’arrête net.
“Mademoiselle, si une voiture passe par là avant que le soleil ne vous ait desséchée, ce ne sera pas une chance pour vous. Les règles ne sont pas les mêmes dans le désert. Je ne peux moralement pas vous laisser faire ça. Vous devez rester ici. On peut vous loger jusqu’à ce que quelqu’un de confiance ne passe par ici et veuille bien vous amener jusqu'à Rockhampton. Pour 90 euros par jour, je vous nourris, vous loge et vous blanchis.
— Madame, je n’ai que très peu d’argent !
(La propriétaire me toise un instant tout en soufflant bruyamment par le nez)
— Bon, eh bien, il te faudra te remonter les manches.”