La vallée de la mort
Dans un moment de grande inspiration, je m’engage à vélo avec ma gourde de soixante-quinze centilitres, dans le désert le plus aride du monde. Contre toutes attentes, cela se passe mal.
Micro récits de voyages, parfois drôles, inquiétants, inspirants, assurément divertissants. À scroller sans modération !
Dans un moment de grande inspiration, je m’engage à vélo avec ma gourde de soixante-quinze centilitres, dans le désert le plus aride du monde. Contre toutes attentes, cela se passe mal.
Je ne sais pas depuis combien je dormais, mais je suis brusquement sortie de mon sommeil par un bourdonnement grave. Mes yeux sont ouverts et balaient machinalement l’obscurité de la pièce. Le grondement s’intensifie pour devenir un vacarme confus et assourdissant.
L’erreur que nous venons de commettre est aussi stupide que surprenante, aussi, sommes nous plongés quelques instants dans une stupeur muette. Le fonctionnement de nos cerveaux est altéré par la piquette, je vais même finalement jusqu’à rire de notre bêtise. Nous pouffons de concert, inconscients.
Je m’assois sur le lit, la brindille tire le rideau d’un coup sec et m’intime de retirer mon t-shirt. Je m'exécute machinalement. Une sorte de torpeur m’a saisie par les épaules depuis mon arrivée dans la pièce et son étreinte se fait de plus en plus rigide.
Je suis hébergée pour quelques nuits chez un couple et ceux que j’identifie comme leurs trois enfants. Ma vessie me maltraite depuis ma descente du cube de tôle ondulée qui a fait office de taxi.
Le pêcheur n’a de cesse de m’expliquer qu’ici, nous sommes livrés à nous-mêmes, dans une des natures les plus hostiles au monde…
Lorsque j’ouvre la porte des toilettes, un spectacle peu banal me fige d’effroi. Quelques secondes sont nécessaires pour que je comprenne ce que mes yeux découvrent
Je suis étendue sur la tranche, mes yeux remplissent leurs dernières secondes de service, la chambre disparaît derrière la fente de mes paupières. Soudain, au sol, quelque chose remue
la relation amoureuse du baroudeur est une chose malmenée par les conventions sociales, mais les réels bourreaux de la poésie des premiers instants sont les architectures douteuses des “backpacker hostels”
Lorsque madame, qui ne parle aucune des langues que je maitrise, revient avec sa théière, je lui mime fièrement l’envie pressante. Celle-ci tend simplement son bras vers quatre planches de bois percées d’une porte, au bout du ponton. Je m’y rend, ouvre la porte et ...
Il n’y a pas de réseau ici. Mis à part le bétail, les chiens de travail, les kangourous et quelques baobabs, il n’y a rien du tout autour de moi. Le fermier qui m’a embauchée, a pris deux jours pour me former à l’essentiel avant de prendre la route pour Brisbane, soit sept-cent kilomètres au sud
Il n’y a que du noir, des rizières et le vrombissement de la jungle qui ne dort jamais.
Ma vessie me rappelle à l’ordre. J’ouvre une porte au hasard, j’inspecte l'intérieur, je réfléchis, j’hésite même un bref instant, mais renonce finalement au projet. Alors que je bats en retraite, je tombe nez à nez avec une jeune touriste apeurée qui se tenait presque sur mes talons ...
Dans le désert le plus aride du monde, le romantisme prit une forme pour le moins inédite !