Elle pourrit à la vue de tous, comme une laissée-pour-compte que la ville autour, agitée et vivante, ignore odieusement. Elle trône au centre d’un parking, ou plutôt, son terrain est assailli de voitures qui viennent empiéter jusqu'à ses flancs fatigués.

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Abimés par les années, son toit et ses entrailles gisent sur le sol, ses fenêtres béantes vomissent des racines tortueuses, elle est la parfaite candidate au concours des maisons hantées. Construite aux alentours de 1880, l’histoire peu banale de cette bâtisse, parfaitement racontée par cette blogueuse de 70 ans : mypenangstories déchaîne les spéculations paranormales.

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Pour résumer grossièrement, elle émerge de terre en tant que résidence luxueuse et appartient à une riche famille chinoise qui finit par la vendre au profit de la révolution chinoise. Elle sera utilisée comme consulat de Chine par son nouveau propriétaire, pendant deux ans, avant de devenir un hôtel. De 1910 à 1015, cet hôtel devient un mystère en terme de gestion puisqu’il change cinq fois de noms en cinq ans. Qu’est-ce qui pousse le propriétaire à faire une chose pareille ? Les informations à ce sujet ne se bousculent pas.

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En 1915, le projet d'hôtel est abandonné et la superbe demeure accueille ses premiers écoliers. Elle sera tout d'abord une école primaire pour filles, mais elle ferme au bout de cinq ans (sûrement une pure coïncidence) apparemment pour des raisons de réformes de l’éducation mise en place cette année-là. En 1920, la bâtisse devient une école d’Anglais jusqu’en 1938, où elle devient l’école primaire de Shih Chung.

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Pendant la deuxième guerre mondiale, le bâtiment est réquisitionné par les Japonais, alors en occupation en Malaisie. On suppose que les pires atrocités ont pu se dérouler dans les caves de la demeure, puisque l’histoire raconte que des prisonniers y étaient détenus, interrogés et torturés. L’histoire de l'unité 731 ne nous aide pas à imaginer que les prisonniers détenus dans les sous-sols du bâtiment, aient pu y vivre une sinécure.

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Les Japonais pratiquaient à cette époque des expériences d’une cruauté sans limite, sur des prisonniers vivants, dans le but de faire avancer la science. Ils ont (entre autres) congelé les membres de leur prisonniers vivants, avant de les couper et tenter de les regreffer, parfois à d’autres endroits. D'autres eurent le droit à des injections de maladies en tout genre, mais aussi d'eau salé et d'urine de cheval, pour en étudier les réactions. Ils ont pratiqué la vivisection sur certains, pendant que d'autres étaient centrifugés à mort. Des cobayes humains ont aussi servi à étudier la transfusion de sang animal, j'en passe énormément. Le plus douloureux, c’est de savoir que la médecine à fait un réel bond en avant grâce à leurs découvertes, ainsi que celles des Allemands, qui à l’époque, avaient recours aux mêmes types de pratiques pour servir le même but : faire avancer la science.

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L’école est hantée, peu osent s’y aventurer, certains y ont entendus des cris et des plaintes, et beaucoup rapportent se sentir nauséeux et mal à l’aise, simplement en passant à son côté. Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? On n’en sait rien ! On trouve très souvent ce genre de syntaxes hasardeuses dans les récits basés sur des lieux hantés : “certains racontent que…”; “On dit que…” mais concrètement, “on” a rien du tout. Cela manque cruellement de preuves et de témoins directs, à moins que “Certains” soit un nom de famille.

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Sur les lieux, je n’en menais pas large. Même si je ne fais pas parti des incorrigibles crédules, je ne suis pas non plus des étroits d'esprits. Je voudrai croire, on veut tous croire que quelque chose nous attends derrière la ligne d’arrivée. Seulement, jusqu'ici, la science et la logique m'ont toujours apporté les réponses les plus crédibles.

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Sur les rushes de mes vidéos, on entend clairement des sons étranges et des murmures qui évoquent des plaintes lancinantes, surtout pendant les séquences tournées de nuit. L'école hantée est entourée par la ville, les grattes ciels et les voitures, ces plaintes ne sont que les échos du tumulte des alentours contre les murs de la ruine.

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J'ai visité ce site le jour de mon anniversaire, il se trouve que quelqu’un avait écrit “Happy birthday” sur les barrières encerclants la ruine. Une coïncidence, même aussi troublante, est une explication bien plus satisfaisante pour la logique que celle d’un esprit, qui à l’aide d’une bombe de peinture, se serait fendu d'un message célébrant ma naissance.

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Les images de nuits de mes caméras ont révélé un spectre qui me prend en filature et qui ressemble d’ailleurs étrangement à Albert Einstein, ce qui est un comble pour la science. J’ai découvert ce phénomène par hasard, en faisant un arrêt sur image anodin pendant le montage. J’ai crié, puis j’ai repassé toutes les images, secondes par secondes, avant de me rendre compte que ce n’était pas Albert Einstein, mais quelqu’un de bien moins doué en math, somme toute beaucoup plus vivant : moi-même ! Il s’agit de mon propre visage, à l’envers, qui apparaît à l’image à chaque fois que je braque la torche sur moi. C’est une bizarrerie que produit la lentille, elles sont nombreuses à apparaître pendant la nuit à cause des éclairages artificiels. Les plus connues sont les insectes ou les poussières qui volent devant les caméras, éclairées par les lampes de poche.

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Malheureusement, s’il y a des âmes perdues prisonnières de cette ruine, nous ne les avons pas rencontrées. La seule chose qui me glace le sang, est une idée, celle de ce qui pourrait se cacher sous les fondations de la maison.

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Pourquoi la ruine n’est pas détruite ? Monsieur et Madame Certains racontent que c’est à cause de la force invisible qui repousse tous ceux qui voudraient s’en approcher, ou quelque chose de ce genre. Je crois volontiers que les locaux ne veulent pas s’en approcher ni la détruire, car leur culture, que je respecte profondément, est de nature plutôt superstitieuse. L’animisme semble être omniprésent dans toute l’Asie et beaucoup d’hommes politique prennent leur décision en fonction de l’astrologie.

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Un chauffeur de taxi, le directeur de mon hôtel et la belle fille du directeur de l’école, racontent qu’il s’agit de conflits économiques et d’exigences patrimoniales.

Cela étant écrit, si j'étais conductrice d'engins de chantier, je n'aimerais pas avoir à pelleter dans les caves de la maison...

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