Dans cet article (non sponsorisé), je souligne pourquoi je suis convaincue que c'est la chaussure de voyage parfaite. Et ceci après avoir backpacké 3 ans avec la paire que j'ai encore aux pieds, des glaciers alpins aux jungles tropicales.

Les vidéos d'unboxing c'est bien joli mais ça nous dit pas si le produit fonctionne comme il faut ou si il va vous péter dans les mains après deux utilisations. Ceci est un article non sponsorisé sur un produit après une longue période de maltraitance, acheté avec notre argent.

Premier frein • Satisfactions • Déceptions • Et maintenant ?

Backpacker à temps complet, j'ai exterminé toutes les chaussures que j'ai portées, et cela, en moins de six mois. Un jour, j’ai acheté une paire de Doc Martens en cuir noir "the original" made in Vietnam, à 179 euros, avec dix euros supplémentaires de cirage. C’était il y a trois ans et je les ai portées chaque jour de ma vie de backpacker, dans toutes les situations et en les forçant à toutes les contraintes, sans y faire attention. (oui, ça fait quand même mal au cœur la première fois qu’on les plonge dans l’eau de mer.) Je vous partage mes satisfactions et mes déceptions quant à ces chaussures et leur mise à l'épreuve sur trois ans, soit mille-quatre-vingt-quinze jours passés à mes pieds. (À l'exception des quelques fois où je ne suis pas sortie de mon auberge, ainsi que les quelques jours que j’ai passé pieds nus)

Premier frein

Le prix

C’est la paire de chaussures la plus chère que je n’ai jamais achetée, mais aussi celle qui m’a fait économiser le plus d’argent.

Il est rare qu’un backpacker ne souffre pas du syndrome de la bourse plate et je ne fais pas exception à la règle. Cent-soixante-dix-neuf euros de pompes, ça pique, c’est même inabordable quand on est au régime sachets de noodles piochés dans le cartons “free food” des cuisines de l’auberge la moins chère. À un moment dans ma vie, lassée d’accompagner dans la mort des pompes agonisantes, en plein service de onze heures dans une ferme qui rémunère mal un travaille harassant, j’ai réfléchi. J’ai fait un calcul alarmant pour mon portefeuille : une paire de pompes tous les trois mois, c’est deux-cents euros par an, qu’est-ce qu’on peut trouver dans ce budget qui puisse survivre plus d’un an ? Pas de suspense, j’ai parié sur les Doc Martens. Pourquoi ? Comme nous sommes tous un peu abrutis par la société et son fonctionnement, on a oublié que la fonction première d’une paire de chaussures n’est pas de faire joli, là encore, je fais partie des amnésiques du bon sens. J’ai acheté des Dr. Martens.

Deux-cents euros de chaussures par an, c’est six-cents euros sur trois ans. J’ai dépensé cent-soixante-dix-neuf euros pour mes Docs Martens, elles sont toujours en vie, ça fait trois ans que je les porte, elles m’ont donc fait économiser quatre-cent-vingt et un euros. CQFD

• Le cuir

Je cherchais à me munir de Doc Martens vegan, je ne disposais que de peu de temps pour en trouver et pas d’adresse pour me les faire livrer. J’ai arpenté les rues glaciales de Berlin en novembre pour ne trouver que des pointures trop grandes ou trop petites. Le sablier était écoulé, mes semelles décollées, j’ai acheté des Doc Martens en peau d’animal mort. Pour moi, le cuir neuf sent le cadavre, j’ai eu honte de les déballer devant Antonin qui m’a tout de suite fait la réflexion. Plus tard, beaucoup plus tard, j’ai réalisé que je n’avais pas fait un choix si monstrueux. Des Dr. Martens en cuir oui, mais increvables, celles-ci, on ne les retrouvera pas échouées avec le reste des déchets de l'industrie textile qui polluent la planète. Je me suis d’ailleurs fait un devoir moral de ne jamais les jeter.

Satisfactions

Passe partout, s’accorde avec tout.

Ce sont de petites considérations d’ordre stylistiques, pour ceux que la cohérence d’une garde-robe “en touche une sans faire bouger l’autre” - Jacques Chirac - je vous invite à passer à la satisfaction suivante.

Nous ne sommes capable que d’emporter avec nous ce que nous pouvons porter, alors peut être pas en vacances, non, mais lorsqu’on voyage activement sur une durée prolongée, ou si l’on est nomade en sac à dos, si ! Il faut donc être particulièrement cohérent et concis dans ce qu’on choisi de mettre dans notre sac à dos, si toutefois (encore une fois) la parure a une quelconque importance pour vous. Personnellement, sur le long terme, ressembler à un kamoulox vestimentaire me pèse sur le moral, mais transporter plusieurs paires de chaussures me pèserai davantage sur le dos.

Les Doc Martens sont de classiques bottines noires, elles s’accordent sans broncher avec tout ce qui se retrouve dans mon sac à dos, elles ont l'immense avantage de nous accompagner avec cohérence dans toutes les situations.

Multiactivités

Peu importe le plan de la journée, les Doc Martens s’y résoudront sans trop de problèmes. C’est particulièrement appréciable d’avoir une paire de chaussures à tout faire. À moins d’être un expert ou un passionné dans un domaine particulier, rien ne justifie le poids dans son sac à dos d’une paire de chaussures spéciales. Faire du jogging avec des Dr. Martens me parait une entreprise bien peu raisonnable, je ne parle pas de sport, mais d’activités ponctuelles et diverses. Bien qu’elles soient rigides et un peu lourdes, elles ne m’ont jamais empêché de faire :

Si je devais faire le GR20 ou l'Everest, il est certain que je m’équiperais avec des chaussures spécialement conçues pour ce type d’entreprise.

Si j’avais acheté une cross pour faire le tour du monde, j’aurais aussi acheté les boots techniques qui vont avec.

Si je faisais de la compétition ou de la longue distance, j’aurais acheté des chaussures avec pédales auto.

Alors là, en revanche, j’aurai pu acheter des chaussures spéciales, parce que c’était un an de construction quotidienne de notre van, mais tout le budget est parti dans les matériaux de construction. Pas de sous, pas d’équipement. Les Docs basiques remplissent tout de même pas mal la fonction, très dure sur le dessus, elles réduisent la douleur de l’impact des outils sur les orteils et l'épaisseur des semelles permet de marcher sur une large gamme de vis.

Bref, quand on fait un peu de tout sans assiduité, on se satisfait absolument d’une paire de Dr. Martens.

Multisaisons

Collection backpacker "printemps/été/automne/hiver", peu importe le pays ou la saison, elles feront l’affaire.

Elles ont une tenue décente sur la neige, elles peuvent être accessoirisées d’une paire de semelles d’hiver pour isoler les petons, semelles que j’ai toujours projeté d’acheter sans que le geste ne se mêle jamais à la parole, la procrastination m’aura fait opter pour la paire de chaussettes de ski.

Portées pendant trois-cent-soixante-dix jours en Asie du sud-est à une température journalière moyenne de trente degrés pour soixante-dix pourcent d’humidité, je suis en mesure de déclarer qu’elles ne sont pas les chaussures qui respirent le mieux. En revanche, si l’on choisie de bonnes paires de chaussettes, c’est-à-dire pas le lot à - 50 % de chez Primark, le pied reste sain, confortable et sec. Pour être précise et droit au but, pas de pieds qui moisissent, pas de pieds qui puent. Avoir un peu trop chaud est bien là le pire qui puisse arriver et on s’y habitue très vite. Le cuir n’est pas un matériau respirant, mais il a l’avantage de ne pas pomper et garder la sueur pour la redistribuer ensuite en fin de journée sous forme d'uppercut nasal pour voisins de chambrée.

Automne ou saison des pluies, elles sont de vaillantes alliées contre les intempéries. Elles sont relativement étanches, le pied reste sec sous la pluie et dans les flaques, elles ne feront pas le poids face à une mousson coriace, mais elles rattrapent ce travers en ayant le grand avantage de sécher très vite. Je n’ai jamais eu à remettre mes pieds dans des chaussures trempées au matin, j’ai très souvent été enviée.

Multiterrain

Lorsqu’elles sont parfaitement neuves, j’avoue que l’on peut ressentir comme un pincement au cœur au moment de les enfoncer profondément dans la boue, surtout après les avoir trempées dans l’eau de mer jusqu’aux chevilles, j'ai cependant la certitude qu’elles apprécient. Enfin des bottines qui vivent leur meilleure vie de chaussures. L'obscurité d’un placard, les pavés gris d’une ville terne, le carrelage d’un métro, ce n'est bon que pour ces victimes de chaussures à talons. Les Docs Martens méritent de vivre l’aventure.

Peu importe ce qu’elles vivent, il suffit de les rincer à l’eau douce le soir, ou de leur passer un coup de chiffon humide, elles sèchent dans l’heure, un coup de crème pour hydrater le cuir et elles sont à nouveau opérationnelles.

Le seul truc contre lequel je les ai protégé c’est la colle néoprène, la peinture et le sikaflex.

Résistance

Parce que oui, malgré tout ça, elles sont encore là, c’est du jamais-vu dans ma vie de backpacker peu précautionneuse. Jusqu’ici, toutes les chaussures que j’ai achetées (Adidas, Timberland, Décathlon, imitations de marques connues et marques inconnues sans prétention) ont toutes fini dans un état critique au bout de trois mois, avec une longévité maximale d’environ six mois avant d’être officiellement inutilisables. Au bout de trois ans, le cuir de mes Dr. Martens est abîmé, mais les semelles sont presque comme neuves. Elles ne ressemblent certes plus à grand chose, mais peuvent être remises en état avec de l’huile de coude (voir vidéo en fin d’article) au final, le cuir est rayé et les lacets abîmés. Après trois ans d’utilisation intensive, les chaussures n’ont subi que des dommages d’ordre esthétique. Pas de trous, pas de dessemelage, pas de coutures qui lâchent. Elles ne sont que ternes, sales et griffées.

Protection

Elles n’ont pas morflé pour rien, tout au long de ces trois années, ainsi que j’espère les nombreuses encore à venir, elles m’ont protégé les chevilles, les orteils et les malléoles.

Marcher dans la jungle est beaucoup plus appréciable lorsqu’on sait que nos chevilles sont enveloppées de cuir contre les morsures de serpents.

Lors d’une chute en scooter, la peau de ma cheville a été épargnée grâce au sacrifice du cuir de ma Docs gauche. J’aurai certainement dû porter des Docs Martens sur les genoux.

Déceptions

Douleurs

Les deux premières semaines sont une épreuve mentale au cours de laquelle il s’agit de résister à la douleur. Les chaussures neuves ont toute tendance à maltraiter les pieds le temps qu’elles se forment, alors que les Dr. Martens donnent plutôt dans la torture.

Apparemment, certaines personnes averties les portent à leur domicile le temps de les attendrir, ou pour de courtes sorties uniquement. N’ayant pas eu le choix ni même l’information, je suis directement partie de Berlin jusqu’au Vietnam avec cette unique paire de chaussures neuves et rigides comme du marbre aux pieds. Les couloirs d’aéroports sont longs en temps normal, ils n’en finissent plus en Dr. Martens neuves. Pendant les quinze premiers jours de leur vie, mes Docs m’ont forcée à une organisation de déplacement très stricte. Si ce n’est pas absolument vital, ça ne mérite pas la douleur du déplacement, on ne bouge plus dans les escalators, on prend les ascenseurs, si les toilettes sont à plus de 10 mètres, on se retient.
Les deux premières semaines, il est impossible de leur faire accepter le mouvement naturel du pied, s'accroupir est une épreuve de force, le cuir est si dur sur l’avant de la chaussure qu’il est presque impossible de le plier pour permettre au pied de se positionner sur la pointe. Mes pieds ont finalement réussi à discipliner complètement le cuir au bout d’un mois.

Ce sont des chaussures très costauds comme sus démontré, j’imagine que c’est là le revers de la médaille, un simple pied recouvert de pauvres tissus mous n'en vient pas à bout facilement, c’est plutôt l’inverse. Si je trouve aujourd’hui mes vielles Docs aussi confortables que des chaussons, mes talons ne s’en sont pas sortis intacts, ils sont aussi durs et insensibles que le bout des doigts d'un guitariste.

Semelles rigides

Et là, par contre, il n’y a rien à faire, elles resteront de marbre, épaisses et solides. Couplé à la qualité des coutures et du cuir, c’est ce qui leur donne l'invincibilité. En revanche, faire de la grimpe, ou simplement crapahuter sur des rochers devient carrément dangereux.

Le pied est privé de toute souplesse et donc d’adhérence sur des surfaces très irrégulières. Tenter d’escalader un obstacle en Docs martens est une entreprise bien laborieuse, le pied est rigide, glisse, ne parvient pas à trouver de “prise”. On peut ainsi se retrouver aussi stupidement désemparés devant un simple rocher à escalader en Docs, que devant une canette de bière à ouvrir avec des gants de boxe. Il m’arrive souvent de me mettre pieds nus pour des passages un peu “techniques.”

Etanchéité

Comme le veut le principe d’étanchéité, les Docs Martens préviennent les infiltrations d’eau depuis l’extérieur de la chaussure, mais elles empêchent également tout liquide de s’extraire depuis l’intérieur transformant les bottines en aquarium à orteils. Dès que l’eau dépasse le niveau des chevilles, on se retrouve chaussés d’une paire de gourdes.

La languette fuyante

Petite insatisfaction d'ordre stylistique ici encore. Je dirai que cet incident relève plus de la malédiction que de la fabrique Dr. Martens. Je n’ai jamais réussi à porter une paire de chaussures de manière stylée, il faut systématiquement que la languette fasse un malaise et s'évanouisse sur le côté. Peu importe les marques, peu importe le genre, je n’ai jamais été pourvue que de languettes timides qui se cachent derrière ma malléole.

Et maintenant ?

Voici le détail des dégâts subis par mes Docs Martens en trois ans de port quotidien, onze pays, cinq climats, six saisons (Printemps/été/automne/hiver/et mousson/saison sèche)

Vont-elles renaître de leurs cendres ? À ce stade, est-il possible de leur redonner une nouvelle vie ? Mais où tout cela va-t-il s’arrêter ?

Si elles ont une date de fin vie, ce n’est clairement pas dans les jours à venir. J’ai le plaisir d’annoncer qu’elles embarquent leur brosse et leur polish et partent à mes pieds pour un nouveau projet de tour du monde qui commence bientôt, en van cette fois.

Pour voir la rénovation complète des Dr. Martens, pécho des astuces et découvrir à quel point ce fut facile, cliquez sur la vidéo !

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